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dimanche 5 mars 2006

Stupeur et tremblement (Amélie Nothomb)

Bien raconté, impressionant mais?

Le personnage principal, au hasard: l'auteur (tient comme c'est étrange...), prend ses fonctions dans une multinationale japonaise. Pourquoi a-t-elle été embauchée? Quelle est sa fonction? Aucune idée. Après tout, OSEF.

Nous avons là une Amélie Nothomb à l'opposée de ses personnages d'Hygiène de l'assassin ou Péplum: fragile, ne comprenant pas forcément son monde mais tentant de s'y adapter. Peinture d'un choc des cultures anodin. La rigidité et la codification de la vie à l'excès du Japon face à la luxure et décadence occidentale. On y voit l'évolution de l'état psychologique de l'héroïne, passant de celui de bête frappée de stupeur (non, ce n'est pas la stupeur du titre. L'explication est dans le livre) par les chatiments qu'on lui impose puis peu à peu, le développement d'une faculté d'absorption de la victime consentante, proche du masochisme.

J'ai aimé ce livre, captivant, dépaysant, mais... Peut-être est-il trop atypique. Je suis trop habitué aux happy-end ou drame de fin d'acte pour une fin en demi-teinte. J'aurais vu une sortie avec un peu plus de panache. Mais dans ce cas, est-ce que cela aurait encore été un Nothomb?

Péplum (Amélie Nothomb)

4€, 4 heures de lecture.

Mais quelles heures! Un délice.

Difficile de croire qu'on peut emmener un et un seul dialogue sur deux cents pages et ne pas lasser le lecteur. Ne tentez pas de vous soustraire à son influence, c'est peine perdue: on retrouve là la magie d'Hygiène de l'assassin, son premier roman qui fonctionnait sur le même principe, fort simple.

Prenez une héroïne, au hasard: l'auteur. Donnez lui à rencontrer en huis-clos un personnage plus ou moins anodin. Conférez à ce dernier un passé (ou un futur, ce n'est qu'une question de point de vue) des propriétés abjectes. Ceci fait, n'oubliez pas de doter l'héroïne d'un puissant sens de la répartie et un sens aïgu du sarcasme. Laissez mijoter sur deux cents pages. Régalez-vous.

Amélie Nothomb laisse libre court à son imagination (sa folie?) dans ce roman au vitriol. On adore ou un déteste. Moi j'adore.

Je le recommande chaudement à tout ceux qui n'aime pas trop lire mais qui se plaisent à lire de puissantes tirades et manipulation de la langue.

Angoisse de trois heures

Elle pourrait être dans ce train.

Cette idée m'a pris sur le chemin de la gare.

Ne pas la chercher du regard. Ne pas se dire que s'il Elle est passé à Cherbourg ce week-end, c'est forcément ce train qu'elle a pris. Ne pas regarder l'intérieur des wagons, les têtes, les ombres. Ne pas donner le moindre doutes à mes parents qui, pour une fois, m'accompagne sur le quai.

18h19, le train s'ébranle. Premier arrêt: Valognes. Economiser quelques euros sur le dos de ses grands-parents. Se faire payer le billet par ses grands-parents même. Elle en est capable. Aujourd'hui. Pas hier, cela n'aurait pas été Elle. Ne pas penser que la place réservée à coté de moi puisse être la sienne.

Même une fois arrivé à Saint-Lazare, ne pas la chercher du regard. Ne pas se retourner.

Se retourner, ce serait se retourner sur mon passé. Alors que garder les yeux droits devant moi, ce serait regardé vers l'avenir avec ma fée qui m'attendra à la sortie de son travail. Peut-être même à ma descente du train. Ma fée en est capable, elle est pleine d'attentions et d'amour pour moi. J'essaie de lui en rendre tout autant, mais j'ai l'impression d'être bien maladroit.

Se rassurer. Envoyer un texto pour dire qu'on sera à l'heure, pour une fois. Lui dire que je l'aime et qu'elle me manque. Que j'ai hâte de la serrer dans mes bras, de sentir son parfum. La dévêtir et lui faire l'amour. La sentir s'endormir la tête sur mon épaule.

A ma fée, pas à Elle.

Pas à Elle.

Non.