Voilà, je ne peux même plus me faire un apéro au Soho sans que les parfums me ramènent quatre ans en arrière.

Quatre ans déjà, et pourtant j'ai l'impression que c'était hier.

C'est là que tout a commencé. Je pensais que ce n'était que du copinage, de toute façon Elle était bien trop bien pour moi: trop belle, trop intelligente, trop bien dans sa peau. L'avenir me dira qu'elle était bien loin d'être bien dans sa peau, et que finalement, elle était bien pour moi, ni plus, ni moins.

Je me souviens de toutes ces soirées de 2001, cette fin de printemps, ce début d'été, ces innombrables soirées, ces litres de Soho engloutis, cet alcool que je ne connaissais pas encore, accompagné de son lot de Malibu et de Passoa. Ces rires, et puis aussi ces confidences inespérés, ces baisers fuguaces qui, dans mon esprit, avait un goût d'éternité, une félicité qui reste le meilleur souvenir de ma vie.

Ce soir un verre m'aura ramené à cet âge d'or où je croyais en l'Amour, ce mot que je ne sais plus prononcer. Ce mot en lequel je ne crois plus vraiment, en lequel j'aimerais croire. Ca fait aujourd'hui quelque chose comme deux ans que je n'ai pas dit "je t'aime" à quelqu'un d'autre qu'un membre de ma famille. Tout simplement parce que ça m'était interdit de le dire à cette personne qui avait peur de passer à coté de sa vie en restant avec moi, parce qu'on s'est rencontré trop tôt, que c'était trop bien.

Tout ça, tout ces souvenirs, reviennent en moi, me transpercent le coeur comme un fer chauffé à blanc, planté droit dans le muscle où les poètes font résider ce sentiment ultime.

Ce soir, ils me rappellent que je me voile la face à chaque fois que je dis: "Non, c'est fini cette histoire, je n'y pense plus."